La communauté chrétienne syrienne de Kerala, en Inde, est un groupe avec un héritage long et riche, qui remonte au 1er siècle, lorsque l’apôtre Thomas aurait apporté le christianisme sur les côtes de l’Inde. Cependant, cette communauté, malgré ses racines chrétiennes partagées, a connu une division qui dure depuis plus d’un siècle. Le schisme entre l’Église Orthodoxe Indienne (Église syrienne orthodoxe malankara) et l’Église Jacobite (Église chrétienne syrienne jacobite) est une histoire de désaccords théologiques, ecclésiastiques et politiques qui continuent de façonner le paysage religieux et culturel du Kerala aujourd’hui.
Les Origines de la Division
Les racines du conflit se trouvent dans des différends concernant la gouvernance de l’Église et l’autorité spirituelle. Tant l’Église Orthodoxe Indienne que l’Église Jacobite retracent leurs origines à la première communauté chrétienne du Kerala, mais elles diffèrent fondamentalement dans leur approche du leadership. La principale question en jeu est l’autorité ecclésiastique, plus précisément la relation avec les patriarches étrangers.
Église Orthodoxe Indienne : Elle défend l’autocéphalie, ce qui signifie que l’Église malankara doit être autonome, sans la supervision d’un patriarche étranger. C’est cette position qui a été adoptée en 1912, lorsque l’Association chrétienne syrienne malankara a proclamé son indépendance vis-à-vis du Patriarche d’Antioche. L’Église Orthodoxe Indienne considère que la gouvernance locale est essentielle pour préserver l’identité culturelle de la communauté chrétienne du Kerala.
Église Jacobite : En revanche, l’Église Jacobite maintient une profonde allégeance au Patriarche d’Antioche. Ils croient que le patriarche antiochien est le véritable leader de l’Église syrienne orthodoxe à l’échelle mondiale et que l’Église malankara doit rester connectée à cette autorité spirituelle plus large pour maintenir son héritage apostolique et sa continuité théologique.
Cette division théologique et de gouvernance s’est intensifiée par des différends sur les biens ecclésiastiques et la direction, ce qui a finalement conduit à deux factions distinctes revendiquant chacune la légitimité. Ce qui a commencé comme un désaccord ecclésiastique est rapidement devenu une question sociale, légale et politique, les deux factions se battant pour le contrôle des bâtiments d’église, des écoles et d’autres biens.
L’Impact de la Division sur la Communauté Chrétienne Syrienne de Kerala
La division ne se limite pas aux débats théologiques ou aux batailles légales. Elle a eu des conséquences profondes sur le tissu social de la communauté chrétienne syrienne du Kerala. Des familles, des amis et des congrégations entières ont été divisés par cette scission, et la fracture est souvent visible lors d’événements importants de la vie, tels que les mariages, les funérailles et d’autres célébrations religieuses. La question de savoir quelle faction soutenir conduit souvent à des décisions douloureuses qui affectent les relations et la vie communautaire.
La tension a également débordé dans l’arène politique du Kerala. Les partis politiques se sont parfois alignés avec une faction contre l’autre, ce qui a conduit à une polarisation accrue. L’influence de l’Église sur les élections locales a fait de la division religieuse une force puissante dans la formation des dynamiques politiques, les deux côtés utilisant leurs bases de soutien pour obtenir des faveurs politiques.
Les Luttes Légales sur les Biens de l’Église
Un des aspects les plus amers et durables du schisme entre l’Église Orthodoxe Indienne et l’Église Jacobite a été les batailles légales sur les biens de l’Église. Ces différends sont parvenus devant les tribunaux indiens, où les deux factions ont cherché à faire valoir leurs droits sur les bâtiments d’église, les écoles et d’autres institutions. La Haute Cour de Kerala et la Cour Suprême de l’Inde ont entendu de nombreux cas concernant la propriété de ces biens, avec des décisions qui ont souvent approfondi la fracture.
Ces conflits juridiques ne portent pas seulement sur des biens immobiliers ; ils concernent l’identité, le contrôle et l’avenir de l’Église. Les deux côtés considèrent ces biens comme essentiels pour maintenir la viabilité et l’influence de leurs factions, et les enjeux sont élevés. Pourtant, malgré les luttes juridiques continues, les deux Églises restent fidèles à leur foi et au rôle qu’elles jouent dans la communauté chrétienne de Kerala.
Tentatives de Réconciliation
Malgré les profondes divisions, il y a eu des tentatives de réconciliation au fil des années. Des dirigeants religieux des deux factions ont cherché à promouvoir le dialogue et la guérison. La Haute Cour de Kerala est intervenue à plusieurs reprises, tentant de médiatiser les différends, et divers organismes œcuméniques ont facilité des discussions. Cependant, le chemin vers la réconciliation est difficile, car les blessures historiques sont profondes et chaque côté reste fidèle à sa position théologique.
La jeune génération de croyants, cependant, montre des signes d’espoir. De nombreux jeunes au Kerala sont moins attachés aux anciennes disputes théologiques et ecclésiastiques. Ils sont plus enclins à voir la division comme un obstacle à l’unité de la communauté chrétienne. Avec l’essor des médias sociaux et la connectivité mondiale, la jeune génération participe à des conversations qui favorisent l’unité, la compréhension et une identité chrétienne plus large qui transcende les frontières dénominationnelles.
Le Rôle des Communautés Chrétiennes Mondiales et de l’Œcuménisme
L’Église Orthodoxe Indienne et l’Église Jacobite font toutes deux partie de la plus grande communauté chrétienne mondiale, en particulier des traditions orthodoxes orientales et orientales. Bien qu’elles conservent des identités distinctes, elles partagent un héritage théologique commun et un engagement envers la foi chrétienne ancienne. Les mouvements œcuméniques mondiaux, comme le Conseil œcuménique des Églises, ont œuvré pour favoriser l’unité entre les dénominations chrétiennes dans le monde entier, et cet effort s’étend également aux deux factions de Kerala.
Dans ces mouvements œcuméniques, des dirigeants de différentes traditions chrétiennes ont tenté de combler les divisions théologiques, plaidant pour l’unité face aux valeurs chrétiennes communes. Le défi reste cependant que l’Église Orthodoxe Indienne et l’Église Jacobite réconcilient leurs différences théologiques et travaillent ensemble pour le bien de la communauté chrétienne.
L’Espoir d’un Avenir Unifié
Malgré des siècles de tensions et de divisions, il y a de l’espoir pour l’avenir. L’engagement profond envers la foi chrétienne partagé par les deux factions offre une base pour la réconciliation. La croyance en l’unité de l’Église comme un seul corps en Christ est un principe cher aux deux côtés, même s’ils diffèrent actuellement sur la manière dont cette unité devrait s’exprimer.
De nombreux leaders des deux Églises, Orthodoxe Indienne et Jacobite, ont appelé à un retour aux racines de l’unité chrétienne. Le respect mutuel, le dialogue et la volonté de faire des compromis sur les questions de leadership et de gouvernance seront essentiels pour guérir la division. La jeune génération, avec sa perspective mondiale et son désir de paix, offre une voie prometteuse. Leur vision de l’avenir — qui met l’accent sur des valeurs partagées et des objectifs communs — pourrait être la clé d’une unité durable.
Conclusion : Un Voyage Vers la Paix Durable
Bien que la division entre l’Église Orthodoxe Indienne et l’Église Jacobite demeure profonde, il y a toujours de l’espoir pour la paix. À mesure que les deux parties recherchent la réconciliation, il est important de se rappeler que leur foi partagée en Christ est une force puissante pour l’unité. En fin de compte, l’espoir d’une paix permanente réside dans la volonté des deux factions d’embrasser le pardon, la compréhension et un engagement renouvelé envers le message d’amour et de grâce qui est au cœur du christianisme. En se concentrant sur ce qui les unit, plutôt que sur ce qui les divise, l’Église Orthodoxe Indienne et l’Église Jacobite ont le potentiel de reconstruire une communauté chrétienne plus forte et unie à Kerala, qui reflète la paix et l’amour du Christ.
À travers la prière, le dialogue et un engagement renouvelé envers l’Évangile, il y a de l’espoir pour un avenir où les blessures du passé sont guéries et où la communauté chrétienne de Kerala peut se tenir unie dans la foi et l’unité.